Entretien avec Sophie Miguel, notre nouvelle intendante !

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis maman de 5 enfants de 29 à 17 ans. J’ai enseigné 10 ans comme institutrice et aujourd’hui encore je suis professeure dans une prépa paramédicale. Je prépare des adultes à l’épreuve de français pour entrer dans une école d’ambulancier. En parallèle, je suis bénévole à l’Arche à Marseille depuis 10 ans. J’ai suivi le projet d’ouverture, l’ouverture, les déménagements… c’est donc tout naturellement que, lorsque j’ai appris que Sophie quittait son poste d’intendante, j’ai réfléchi à prendre sa suite. Les enfants partants, j’avais envie d’un travail régulier dans un endroit que je connais bien et que j’aime bien !

Comment as-tu connu l’Arche ?

J’entends parler de l’Arche depuis que je suis toute petite ! Une de mes cousines fait en effet partie de la communauté d’Aigrefoin en tant que personne accueillie. Nous sommes une très grande famille mais il y a toujours eu entre nous un lien privilégié. Je crois que j’ai voulu poursuivre cette relation toute particulière en passant la porte de l’Arche.

A notre arrivée à Marseille, j’ai fait providentiellement la rencontre de Sylvain Bucquet qui est notre voisin et le premier Directeur de la communauté. Nous sommes également proches de la famille de Xavier (personne accueillie du foyer Saint Joseph) et nous avons vécu avec eux son attente d’être admis à l’Arche puis son arrivée.

Tes missions en tant qu’intendante ?

J’ai deux casquettes :

D’une part celle d’être cuisinière, mission que je connais déjà bien depuis 30 ans auprès de ma famille. Cela m’a toujours plu de préparer de bons petits plats et j’ai à cœur que les repas soient un moment de plaisir et de convivialité !

Et d’autre part, je découvre les coulisses du métier d’intendante.  En ce qui concerne l’élaboration des menus, j’apprends à jongler entre l’envie de varier et la nécessité de respecter un certain budget et pour ce qui est des commandes et des factures, je perfectionne mes compétences en informatique. Ça vient et depuis deux semaines je vois qu’il y a des automatismes qui se mettent en place !

Je suis très heureuse de cette responsabilité d’intendante, mon seul regret c’est qu’à cause du coronavirus, je suis moins au contact des personnes accueillies qui ne peuvent plus venir aider en cuisine.

Qu’est-ce que cette rencontre t’apporte ?

La rencontre avec les personnes accueillies, je trouve que ça équilibre une vie. Notre monde est celui de la réussite, l’efficacité, la brillance et là avec eux on vit un cœur à cœur, on est direct, on est soi-même et ça fait un bien fou !

Être à leur contact pendant les ateliers cuisine me fait grandir : je déploie beaucoup de patience pour répondre dix à quinze fois aux questions de certains. Je découvre aussi émerveillée qu’ils ont chacun leur petit caractère, qu’ils peuvent se vexer, bouder, être agressif mais qu’ils ont aussi tout un côté joyeux, spontané tellement rafraîchissant !

Je suis particulièrement touchée par leur façon de manier l’humour. Il faut dire qu’il en faut, parce que je vis ici des situations assez cocasses. Je pense notamment à une séance d’épluchage de carottes durant laquelle j’ai réalisé avec effarement qu’à force de passer avec l’économe au même endroit, il ne restait à certains plus de carottes du tout !

Je constate alors l’importance du second degré, l’ironie pour les faire rire. Je pense que je les voyais plus fragiles qu’ils ne le sont en réalité. Avant je n’aurai peut-être pas osé faire certaines blagues mais j’ai découvert qu’ils ont beaucoup d’auto-dérision et ça dédramatise certaines situations. Savoir rire de soi sans se vexer, voilà une belle leçon.